Fragile et ostentatoire folie qui revenait périodiquement l'étreindre comme un ancien amant ne pouvant oublier la saveur de ses lèvres, les courbes rondes et pleines de celle qui pourtant offrait son attitude la plus glaciale aux errances humides des murs du château. Elle sentait presque les effluves malsaines courir sur sa chair, nécroser la fragile stabilité de son âme... Mais la réalité voulait surtout que les choses soient différentes depuis ces dernières semaines, non plus seulement parce que les souvenirs d'un cadavre sans vie d'une née moldue avait été trouvé, ni parce que le timbre sirupeux des voix avaient repris... n'étaient-elles que le fruit de son imagination, ou un rampant déambulait-il dans les murs de l'école ? L'ignorance la tenaillait telle une lame fichée dans sa poitrine, grignotant à chaque lune comme une parcelle de la corde qui la préservait de la réalité de son épouvantard. Mais là encore, ce n'était pas ce qui avait changé, la chose était autre, différente, presque imperceptible, et ne portait qu'un prénom unique : Ethered. Modifications presque insaisissables du garçon qui l'était déjà tant, mais qu'elle avait appris à découvrir en l'absence de son frère bien des années plus tôt. Celui avec lequel ses propres réactions vacillaient sous les affres de sa propre instabilité, trainassaient entre les effluves scientifiques qui les ralliaient en un sens et qui pourtant ne cesseraient jamais de les rendre aussi différents que dans l'attente de quelque chose de diamétralement opposé l'un de l'autre. Il cherchait à apprendre le moindre des secrets de la fourchelang, s'emmurait dans l'attitude d'un parfait chercheur profitant de la muse de ses travaux pour s'enquérir d'autres vérités, quand elle n'avait de cesse de profiter de ses recherches, de s’enquérir de l'air qui l'empêcherait de se noyer dans les faits présents qui l'attiraient vers les marécages obsédants. Ceux de ce qu'elle ne cessait d'étouffer chaque jour un peu plus entre ses doigts élégants, dans sa poitrine dont les soulèvements contrôlés peinaient à trahir les saccades incontrôlées de son cœur ou des aspérités malsaines de son âme.

Mais il était différent, presque plus insaisissable qu'autrefois... elle l'avait remarqué, aussi étrangement que cela puisse paraître, depuis que leurs parents l'avait liée à son frère. Et si n'importe qui aurait pu douter de la naissance d'une jalousie carnassière, Beliana ne pouvait se résoudre à cette simplicité... était-il seulement capable d'étouffer sous les serres d'un sentiment quel qu'il soit ? Le désir lui était inconnu. L'alchimie était une réalité qu'il ne parvenait à saisir. Elle doutait même qu'il soit ne serait-ce qu'un peu attaché à elle malgré le nombre d'années écoulées depuis leur premier rapprochement de ce qu'elle qualifierait d'amitié, à son niveau à lui. Parce qu'ils étaient liés, d'une certaine manière. Parce qu'il venait à elle par instant. Parce qu'il lui permettait de le toucher et que cela semblait l'apaiser à certaines secondes. Mais pas à toutes, seulement à celles qui trouvaient grâce à son esprit dérangé. Malgré tout, ces dernières semaines étaient différentes... ne lui permettant plus de ne serait-ce que de l'effleurer comme autrefois. Jamais, semblait être devenu le leitmotiv du frère de son fiancé, et si elle l'avait laissé faire dans un premier temps, ne pas le comprendre, du moins dans une certaine mesure, l'intriguait, la tenaillait, la poussait également à regretter qu'il ne soit plus à ses côtés face aux voix rampantes et sinueuses, dans les recherches acharnées qu'il s'évertuait... pour lui. Il ne fallait y voir aucun désir de lui venir en aide, elle le savait, mais elle aussi usait de l'esprit obstiné et fasciné du Yaxley.

Peut-être... était-ce un effet secondaire de son rapprochement avec Jedusor, celui dont elle avait semblé être témoin en parallèle. Mais cela n'était pas unique, puisque tout semblait lié à cette bague qu'elle portait à son doigt, diamants noirs et or gris, héritage familial de cette famille de sang pur qui clamait assez fort la promesse qu'elle avait faite à Placid, et celle qu'il lui avait faite en retour. Un jour, un baiser et une cérémonie s'entrelaceraient pour qu'ils produisent ensemble l'héritier tant attendu par le père des garçons, mais également par le sien. Mais elle n'était pas désespérée d'avoir accepté, son ami restant le choix le plus judicieux la concernant, même si les choses restaient incertaines. Pourtant, à cette seconde, à cet instant, ce n'était pas l'aîné qu'elle cherchait en s'avançant dans l'herbe fraiche, mais celui qu'elle avait vu s'éloigner dans le parc un peu plus tôt à travers une fenêtre. Tandis que la jupe qu'elle portait, uniforme qui descendait juste un peu plus bas que ses genoux, époque le désirant, bien que le tissu fendu lui permettait d'avancer sans la brimer dans ses mouvements, offrait une parcelle de chair offerte à la fraicheur ambiante, tandis que sa cape de sorcière recouvrait encore ses épaules et la préservait du reste. Elle savait la direction à prendre, elle le cherchait, ce garçon qu'elle n'avait jamais vraiment su comment considérer mais qui restait un ancrage qui se dissipait bien trop ces derniers temps. Mais elle n'était nullement perdue, et si elle devait l'être, elle ferait appel aux serpents... Néanmoins elle n'en eut nul besoin, puisqu'elle l'aperçut un peu plus loin, assis dans l'herbe. Connaissant l'être, si elle ne cessa de s'avancer, son timbre s'éleva tel un murmure, frêle aveu de son identité. "Eth." souffla-t-elle, avant de parvenir jusqu'à lui. Gracieuse, créature presque éthérée, elle se laissa souplement choir à ses côtés, ses doigts venant lisser le tissu pour ne rien dévoiler d'improbable ou de compromettant, alors qu'elle ne doutait pas un instant qu'il n'y accorderait pas même une œillade. "On dirait que tu es jaloux... mais tu ne l'es pas, je le sais. Tu ne serais même pas capable de le ressentir. Alors qu'est-ce qui a changé Ethered ?" glissa-t-elle avec douceur, n’arguant pas un geste dans sa direction cependant, n'ayant nullement envie de voir la réalité se farder de la violence de l'âme de l'un et de sa propre instabilité brumeuse qu'il serait à même d'éveiller. Elle ne voulait qu'échanger, que saisir ce qui pouvait se jouer entre eux à présent, tandis que la perfidie de son souffle aurait pu être plus incisive, et lui souffler qu'il était comme mort à l'intérieur et qu'elle ne parvenait à comprendre son attitude.