Ϟ En l'année 1943 : le monde magique tremble. Secouée dans ses fondations, bousculée dans ses habitudes, ses coutumes, la Grande Bretagne sorcière est frappée, foudroyée, par les événements qui perturbent la vie des humains normaux. Les vies sorcières expirent au rythme des obus, à la cadence des bombes et à la mesure des charges.

Depuis maintenant plus de quatre ans, l’Europe est à feu et à sang, subissant le joug de l’Allemagne nazie. Le Royaume-Uni lui-même fut menacé, décapité, alors que ses armées furent repoussées de l’autre côté de la Manche, que ses colonies furent envahies, dérobées, par les troupes nippones. De 1940 à 1941, Londres, ainsi que tout le pays, fut bombardé, incendié, durant la funeste période surnommée le Blitz. Cachées au regard des soldats par le manteau de la nuit, les avions allemandes firent pleuvoir la mort sur les civils innocents, allant même jusqu’à toucher les sorciers, anéantissant de nombreux foyers sang-mêlés, plongeant dans la dépression de nombreux nés-moldus qui virent leurs proches se faire massacrer.

D’autant plus qu’à l’Est, une autre menace se lève. Gellert Grindelwald, un sorcier aux origines troubles, mais aux idées claires, rassemble ses partisans. Il enrôle, il séduit… Mais il massacre aussi ses opposants, faisant sinistre écho à la barbarie des suprématistes allemands. Bien que lointain, ce danger frôle néanmoins l’Angleterre, les parents de certains ayant été tués, torturés, emprisonnés… Mais pourtant, ni le Ministère, dirigé d’une main de fer par Leonard Spencer-Moon, qui renversa son prédécesseur, Hector Fawley, en 1939, ni les plus puissants duellistes de l’Empire, le premier d’entre eux étant Albus Dumbledore, n’osent faire mouvement.

Les temps sont durs. Ténébreux. Mais en quoi concernent-ils de jeunes élèves comme vous, alors que la Chambre des Secrets fut ouverte, qu’une de vos camarades fut tuée, et que le séduisant – et charmeur – Tom Jedusor persiste dans sa montée vers la gloire ? En rien. Ces faits sont éloignés, les rumeurs d’un futur malheur, de l’hypothèse d’une tragédie. Quant à ceux d’entre vous qui se sentent affectés, principalement ceux dont le sang est souillé, ils n’en parlent point, si ce n’est entre eux. Et comme tous les autres, ils s’endorment, endurcis par ces épreuves, mais toujours bercés par le doux son du feu qui crépite, du vent qui siffle et des elfes qui s’activent, cuisinent.