« Gaïa Weidmann. »
J’avalai difficilement ma salive quand mon nom résonna dans la Grande Salle. Tout le monde nous observait alors que le plafond magique était tel un ciel étoilé que je n’avais jamais vu. C’était tout simplement magnifique. Après quelques secondes, je fis un pas en avant et des autres s’écartèrent pour me laisser passer alors que je touchais la point de mes cheveux blonds. Des murmures s’élevèrent quand tous virent mon visage. Un sifflement retentit et mon visage devint pourpre. Je baissai les yeux alors que le vieux choixpeau fut posé sur ma tête. Il marmonna quelques mots comme loyauté, travail ou encore beauté.
« Poufsouffle ! »
Un tonnerre d’applaudissement retentit dans la Grande Salle alors que les blaireaux se levaient, visiblement réjouit de me voir les rejoindre…



   Le soleil venait à peine de se lever que j'étais déjà assise sur mon lit, les pieds dans le vide et les cheveux en bataille. Je regardais autour de moi alors que les autres dormaient encore, certaines soupiraient dans leur sommeil, le sourire aux lèvres alors que d'autres ronflaient bruyamment. Je levai les yeux au ciel en voyant l'une d'elle, le pouce dans la bouche alors qu'elle avait deux ans de plus que moi. Un manque d'affection se cachait-il derrière ce geste de détresse ? Je finis par me résignait à me rallonger en attendant qu'elles daignent se réveiller. Aujourd'hui, nous étions le quatorze février. Date qui n'échappait à aucune fille alors que les hommes oubliaient chaque année. La Saint-Valentin n'avait aucune importance à mes yeux, ce n'était qu'une fête où l'on pouvait se montrer notre amour mutuel avant de revenir à notre vie d'avant : noire et monotone.
Les filles avaient vêtus leur plus belle robe alors que j'avais seulement enfilé le premier jean et pull qui m'étaient tombés sous la main dans ma grosse valise qui commençait à déborder de linges sales. L'une d'elle tressa ses cheveux noirs d'encres alors qu'une autre se donna le luxe de mettre un rouge à lèvres bordeaux. Comment pouvions nous devenir abrutis à cause d'une simple date ?
« C'est facile pour toi, dit l'une de mes amies alors que nous descendions les marches pour aller vers la Grand Salle, tu as juste à battre les cils pour qu’un garçon soit  veille t'épouser.
– Ce n'est pas pour autant que je suis avec n'importe qui, répliquai-je un sourire malicieux sur les lèvres avant de leur faire un léger clin d’œil après avoir montré un garçon qui m'avait fait des avances plus d'une fois. »
Je devais avouer que le sang de vélane qui coulait dans mes veines étaient une véritable bénédiction bien que plus difficile à gérer que ce que je pouvais laisser paraître. Je devais sans cesse faire attention à mes moindres faits et gestes pour ne pas être débordée par les événements et pouvoir continuer mes études en paix. Nous entrions dans la Grande Salle, les filles devant et moi derrière : c'était le pacte que nous avions fait, je devais être dans l'ombre de celle-ci, au moins pour aujourd'hui afin qu'elles aient leur jour de gloire. Certaines personnes trouveraient ça odieux de leur part mais, au fond de moi, j'essayais de me mettre à leur place. Peut-être que d'être une fille normale et banale pouvait être une bonne leçon de vie.
Je m'assis à l'autre extrémité de la table de notre maison où personne n'était, où je ne pouvais faire d'ombre à personne. Je me servis des œufs, du bacon ainsi que des pommes de terres avant de commencer à m’empiffrer. Peut-être que ça allait me rendre hideuse ? La Grande Salle se vida peu à peu alors que des filles partaient dans les bras de garçons. Je restais là, seule, face à mon assiette vide alors que mon ventre se retournait à cause de tout ce que j'avais ingurgité. Je m'affalai sur la table, la tête entre les bras, attendant sagement que le temps passe et que ma punition soit levée et que je puisse enfin être moi-même. C'était difficile de ne pas être le centre de toutes les attentions, j'y étais tellement habituée que cela faisait parti de mon quotidien. Des heures passèrent avant qu'un garçon entre dans la Grande Salle, une fille à chaque bras, vêtu toutes deux de robes vertes et d'un bandeau argenté. Jamais je n'avais vu un garçon aussi beau à mes yeux : il avait des cheveux bruns foncés, presque noirs avec des yeux de couleur noisettes, un grain de beauté sur chaque joue alors qu'il devait me dépasser facilement de deux têtes. Pour la première fois de ma vie, j'avais envie d'être belle pour quelqu'un sans qu'il ne voit seulement en moi que mon physique. Il tourna la tête vers moi avant de m'adresser un sourire que je lui rendis sans que cela ne lui fasse visiblement de l'effet puisqu'il repartit aussi vite qu'il arriva.