« LYSEAAAAA, ma filleeeee à tableeeee ! » « Merlin, tout ce raffut pour ci peu. » Sallie Brown tournoyait en tablier au milieu de sa petite cuisine. Elle se baissa pour être au niveau de sa fille unique Lysea, qui n'avait encore que onze ans. « Tu seras prématurément ridée si tu continues à râler comme ça. » Elle avait utilisé sa voie de prophétesse qu'elle testait depuis plusieurs semaines, Lysea se demandait bien pourquoi. Quoi qu'il en soit les paroles de sa mère eurent pour effet de lui faire encre plus froncer les sourcils. En revanche au fond elle était amusée par sa mère.  « N'importe quoi. Bon j'ai faim ! » La petite rousse sautilla vers la table de bois clair qui faisait l'angle de la pièce. Elle se hissa tant bien que mal sur la chaise, rêvant du temps où elle pourra enfin porter des talons pour compenser sa taille de nain de jardin. « Rah j'espère que je vais grandir encore plus » Sa mère s'affairait depuis le plan de travail et lui répondit sans la regarder « Ne t'inquiète pas ça va venir, tu vas être aussi grande que moi surement. » Sallie s'approcha de la table en faisant léviter un grand plat rouge du bout de sa baguette. « Peut-être que je tiens plus de papa, il était petit ? » De son autre main sa mère porta la main autour de son cou et se mit à triturer la petite alliance pendue au bout d'un cordon doré. Elle répondit d'une voix blanche sans regarder Lysea. « Non, il avait presque ma taille, il faisait une pomme de plus que moi. Quoi que pour un homme c'est peut-être petit... » Comme à chaque mention du patriarche disparu un silence religieux suivi la déclaration. Lysea laissa sa mère dans ses pensées, respectueuse du souvenir de son père. En revanche le plat était à 10 cm au-dessus de sa tête alors ne valait mieux pas attendre que sa mère perde sa concentration. « Maman, la nourriture ? » Comme si son réveil venait de sonner Sallie reprit vie et fit léviter promptement le plat jusqu'à la surface de la table. « Tada ! » Dans le plat se tenait de magnifique patates sautées juste brillantes comme il faut, des petites carottes fagotées par des tranches de bacon grillées et au-milieu de tout cela trônait... une sorte de sombre. Au sens figuré comme au sens propre. « Il est noir. » Elle désigna la volaille brulée « Tu sais bien que je préfère le terme afro-américain. » Lysea pouffa avant de planter sa fourchette dans la viande non identifiée. « C'est quoi ? Du poulet, de la dinde ? » « Ceci ma fille est un chapon ! De la nourriture de fête pour les moldus. » Elle commença à découper le chapon qui malgré l'aspect extérieur semblait parfaitement réussit à l'intérieur. « On fête quelque chose ? » « Mon nouveau travail ! J'ai été engagé à Poudlard, comme professeur de divination. » Lysea passa du sourire excité à une moue contrite. « Mais tu n'es pas une prophétesse. » Sallie prit une expression voilée et lâcha d'une voix incroyablement vaporeuse avec un fort accent écossais « Bien suur que si. » Sa mère lui adressa un petit sourire satisfait. Ce fut le moment où Lysea perdit foi en la divination.



Le bruit d'une goute qui tombe sur le sol. Une lumière blafarde et des lueurs métalliques étranges. Un robinet doit fuir lui indiqua son esprit. Des carreaux d'un vieux blanc s'étale sous ses yeux, de l'eau continue de gouter sur le sol. Où suis-je ? Elle veut bouger, elle ne le peux pas. Des pas qui jusque là étaient restés silencieux dans le coin de son champ de vision se mirent soudain à bouger. Des chaussures noires impeccablement cirées contrastant avec leur évidente provenance modeste - de seconde main - apparurent dans son champ de vision. Qui est là ? Froid, si froid. Les carreaux blancs reflétaient vainement la lumière de la lune. La torche n'éclairait presque rien. Il faisait si noir. Qu'est-ce-que je fais là ? Un étrange glissement, un sifflement, quelque chose rampe. Quelque chose arrive. Ou repart ? Bouge, bouge, bouge. Le sol blanc, elle ne voyait que ça. Pourquoi ne pouvait-elle pas lever la tête ? Tu es morte

« Lysea, réveille-toi ! » Le visage de la jeune femme émergea à travers un fouillis de mèches orangées, elle était si empêtrée qu'en ouvrant les yeux elle cru un instant qu'elle était devenue aveugle. Elle passa rapidement une main dans ses cheveux afin de pouvoir mieux respirer et constata étrangement qu'elle avait le visage mouillé de larmes. « Par Merlin, mais qu'est-ce qu'il se passe ? » Son amie Eleanor se tenait au-dessus d'elle, le bout de sa baguette illuminait son visage souriant mais quelque peu inquiet. «  Je, hum, je pense que tu as fais un cauchemar. » murmura-t-elle en jetant un prudent regard aux trois autres occupantes du dortoir toujours profondément endormie. Lysea fronça les sourcils un instant avant de se rappeler. Le blanc, le froid, cette impression d'impuissance, comme si elle était arrivée trop tard. Mais trop tard pour quoi ? « Waw, désolé je ne me souviens de rien » Mensonge, mensonge. Elle se souviendra de ça toute sa vie. «  Retourne te coucher, ça va aller je te jure. » Eleonor avait toujours eu un côté un peu mère poule qui amusait habituellement Lysea, en revanche ce soir elle se sentait irritée. Si irritée et en colère, elle ne pouvait identifier la source de celle-ci. Confuse et perdue, elle n'attendit pas de réponse de la part de son amie et se renfourna dans sa couette sans cérémonie. «  Quel mandragore tu es quand tu n'as pas encore eu ton thé matinal. » soupira Eleonor avant de retourner vers son propre lit. Lysea ne l'entendit pas, elle avait déjà basculé dans un sommeil sans rêve, étrangement épuisée.


« Nous sommes peinés de vous annoncer le décès d'une élève de Serdaigle. La jeune fille a été retrouvée il y a quelques minutes et jusqu'à ce que les aurors terminent leur travail chaque élève doit rester dans sa salle commune. On vous apportera votre petit déjeuner ici. » Madame X, directrice de la maison Poufsouffle venait de s'adresser à l'ensemble de celle-ci avant que les premiers élèves matinaux ne tentent de se rendre à la Grande Salle pour le petit déjeuner. Une rumeur de murmures se répandit dans l'assemblée, Eleonor murmura son horreur à Lysea, mais celle-ci ne l'écoutait pas. Un étrange sentiment lui soudait la poitrine, c'était comme si elle avait avalé un gobelet tout rond.
« Elle a été retrouvé dans la Grande Salle ? C'est pour ça que nous ne pouvons pas y aller ? » Un élève de première année avait osé lever la voix pour poser une question. « Non mais le château doit être fouillé de fond en comble. La jeune fille a été retrouvée dans les toilettes du deuxième étage. » Lysea pâlit en l'espace d'une seconde, ranimant l'image de ces toilettes particuliers où elle n'était allé qu'une fois. Non, deux. Des carreaux blancs, des robinets qui fuient. Elle s'éloigna très lentement de l'assemblée pour se rendre vers les propres toilettes adjacents à la salle commune de sa maison. Elle s'installa avec calme sur le sol en prenant soin d'attacher ses cheveux. Elle inclina la tête et vomit son repas de la veille. Appuyée à moitié contre le mur elle y posa son front bouillant sur la surface lisse et froide. « Non, pas ça, pas ça, tout mais pas ça... »